[L'étagère fantastique] Save our souls t1 - Elle Guyon

247 pages (auto-édition) – 4/5

Sous une écharpe élimée et un blouson trop grand pour lui, Aldric s’obstine à cacher aux autres lycéens sa vie de marginal. Mais une succession de mauvais choix le précipite vers une issue fatale.

Loin d’en avoir conscience, il agresse même la seule personne capable de modifier son avenir, la jeune Riane. Épaulée par son gardien, un immortel, celle-ci tente le tout pour le tout pour défier le destin et lui sauver la vie, car c’est la survie de sa propre âme qui est en jeu…

Mais comment mener sa mission à bien quand celui que vous devez protéger se rebelle et quand votre allié vous cache des informations capitales ? Et si ce qui s’est passé il y a près de trois cents ans était la clé de la réussite ?

« Il ne faut pas du courage pour fuguer,

il en faut pour regarder ses problèmes en face 

et tenter d’y apporter une solution. »

En bref... j’ai beaucoup apprécié cette lecture, qui m’a agréablement surprise ; la coexistence de deux intrigues m’a beaucoup plu, mettant chacune en scène un couple de personnages attachants.

Je remercie Elle Guyon et SimPlement de m’avoir donné l’occasion de découvrir ce roman dont la lecture m’a été très agréable. Si certains éléments m’ont un moment décontenancée, l’ensemble est d’une originalité surprenante, tout en reprenant un schéma traditionnel qui fonctionne à tous les coups. J’avoue que j’ai d’abord eu un peu de mal à entrer dans l’univers, par le fait que j’ai trouvé confus le rôle, la mission du personnage féminin et, en général, le fonctionnement du système de passeur/gardien/etc. Mes incertitudes ont persisté et se sont même renforcées lorsque l’on rencontre des chapitres se déroulant à une autre époque, au XVIIIème siècle.

Je n’ai pas tout de suite compris le lien entre les deux époques... puis au fil des chapitres, une trame un peu plus secondaire se développe réellement, mais elle permet également de donner une certaine profondeur, une hauteur à l’univers, et cela devient très appréciable. J’en suis même venue à apprécier davantage l’intrigue et les personnages du XVIIIème siècle (c’est mon amour pour les romances historiques qui ressort...) qui contient plus de mystères, et donc de suspense, même si je ne pouvais pas oublier ce qui se passait à notre époque.

D’après le résumé, j’avais compris qu’il y avait une histoire d’ange gardien (ou quelque chose dans le genre)... et j’avoue que le fantastique est un genre que je lis un peu moins en ce moment. Cependant, cela ne se fait pas tellement sentir. A quelques détails près, on pourrait croire que l’intrigue n’est pas fantastique, et c’est cette polyvalence que j’ai appréciée ; si le personnage qui sert de père prétendu à Riane, Gebrail, n’avait pas existé, l’histoire aurait pu être celle d’une jeune fille nouvelle dans son lycée tentant d’aider un garçon en difficulté.

D’un autre côté, le fait que l’intrigue soit un peu fantastique permet de mettre l’accent sur les thèmes abordés, sans faire quelque chose de larmoyant, attirant tout de suite le pathos. Certes, il y a des scènes émouvantes, mais ce n’est pas l’émotion principale que j’ai ressentie au cours de ma lecture : il s’est davantage agi de la colère. Colère de la part des deux personnages principaux, l’un contre le monde entier, l’autre contre le fatalisme du protagoniste, ainsi que contre le système qu’elle subit. Sans vraiment vous spoiler, je peux vous dire que le thème qui m’a le plus frappée est celui du quotidien des Sans Domicile Fixe. En arrière-plan, on trouve également les thèmes de la déscolarisation et de la délinquance qui, même plus accessoires, permettent d’enrichir l’intrigue. Le roman est une très bonne sensibilisation à tout cela !

L’intrigue est assez captivante et l’on s’attache rapidement aux personnages. Il y a des moments relatant davantage le quotidien de tous les personnages qui m’ont paru un peu plus long mais, sur la fin, il y a beaucoup d’action et de suspense ; celui-ci est d’ailleurs accentué par le compte à rebours en-tête des chapitres se déroulant à notre époque, et je n’avais qu’une hâte : atteindre le terme du compte à rebours. Et c’est là le point qui m’a le moins plu dans ce livre : la fin. La façon dont elle est amenée est certes pleine de surprise, je suis restée sur ma faim : j’aurais aimé que l’intrigue soit un peu plus close (attention, cela n’est pas pour autant une fin ouverte), que l’on ait de vraies réponses : ni l’intrigue se déroulant à notre époque est résolue, ni tous les mystères de l’intrigue du XVIIIème siècle ne sont révélés. Alors je comprends que l’auteur a gardé de la matière pour les tomes suivants de la trilogie, j’ai gardé comme une sensation d’inachevé, il me manquait un bout de l’histoire...

En ce qui concerne les personnages, j’ai beaucoup apprécié le duo formé par Aldric et Riane, et la façon dont ils s’apprivoisent peu à peu. Certes, leur relation en elle-même est un peu prévisible et cliché, je l’ai tout de même appréciée. Mais, j’ai adoré les personnages pris individuellement : Aldric tout d’abord est un personnage fort, mais je l’ai préféré quand il a montré ses faiblesses, car ce sont à ces moments qu’il m’a bouleversée ! Il a une belle évolution, même si je garde une certaine incertitude concernant son envie de vivre... dont on peut parfois douter. Et c’est sûrement ce que la suite de la saga va permettre de définir. Il est parfait dans son rôle de SDF : suffisamment endurci et, en même temps, il garde une part de naïveté. Et c’est sur ce point qu’il s’assortit tellement bien avec Riane, qui n’est que douceur et gentillesse ; on sent réellement qu’elle cherche à lui apporter son aide (bien au-delà de sa seule mission). Cependant, elle n’hésite pas à lui tenir tête ! C’est donc une ambivalence très intéressante chez elle.

Le personnage de Gebrail reste assez mystérieux, et je cherche (ou j’attends) encore ses failles pour me faire une réelle opinion sur lui. Enfin, je dois parler de Jeremy et Isabelle de Balgette ; leur duo est volcanique et m’a fait beaucoup rire ! J’adore le tempérament d’Isabelle et elle m’a complètement séduite. En comparaison, Jeremy paraît plus fade... et encore plus Anne, le personnage probablement le moins intrigant de ce livre (parmi les personnages récurrents, j’entends).

Pour finir avec le style de l’auteur, je l’ai trouvé très fluide ; elle manie à merveille le suspense pour changer d’époque pile aux moments cruciaux, ce qui est certes frustrant mais ce qui donne envie de ne pas lâcher le livre. Cette plume transmet plutôt bien les émotions, même si cela s’est fait davantage ressentir à certains moments.

En somme, j’ai beaucoup apprécié ma lecture, et je remercie encore Elle Guyon, par l’intermédiaire de SimPlement, de m’avoir permis de découvrir ce premier tome. La partie fantastique de l’intrigue est très bien dosée, suffisamment surprenante pour donner envie au lecteur d’en savoir plus, mais pas pour autant omniprésente. Quant au reste, que ce soient les thèmes ou les personnages, tout est très bien développé, ce qui m’a beaucoup plu (à l’exception de cette fin quelque peu abrupte).

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