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lundi 25 septembre 2017

[L'étagère contemporaine] Le soleil est pour toi - Jandy Nelson

468 pages (Editions Gallimard Jeunesse – collection Scripto) - 4.5/5



Noah et Jude sont plus que frère et sœur, ils sont jumeaux, fusionnels. Sous le ciel bleu de Californie, Noah, le solitaire, dessine constamment et tombe amoureux de Brian, le garçon magnétique qui habite à côté. Tandis que Jude, l'exubérante, la casse-cou, est passionnée par la sculpture. 
Mais aujourd'hui ils ont 16 ans et ne se parlent plus. Un événement dramatique les a anéantis et leurs chemins se sont séparés. Jusqu'à ce que Jude rencontre un beau garçon écorché et insaisissable, ainsi que son mentor, un célèbre sculpteur...
Chacun des deux jumeaux doit retrouver la moitié de vérité qui lui manque.
Un livre superbe, lumineux, bouleversant, où s'entremêlent, comme dans la vie, la tristesse et la joie, et qui déborde de romantisme et de passion.


« Je ressens la souffrance du monde entier dans cette sculpture. 
Parce que nous sommes tous cassés de l’intérieur.
N’est-ce pas la vérité ? Je le suis, moi. Le reste du monde aussi.
Nous avons beau faire de notre mieux, voilà ce qui nous arrive, inlassablement. »


En bref... ce livre m’a bouleversée ; il y a tant d’émotions et de beauté qui se dégagent de l’œuvre, ainsi que des réflexions intéressantes. Les deux personnages principaux sont attachants, même si je dois avouer que Jude m’a plus émue que Noah. Quant à la plume de l’auteur, elle nous guide avec brio à travers diverses étapes de la redécouverte de soi et de l’autre par les jumeaux, jusqu’à un dénouement parfait.


J’ai mis énormément de temps pour lire ce livre... trois semaines peut-être ? En effet, ce livre a été loin de me déplaire, mais il est tellement dense en émotions et riche en images (ma préférée étant leur partage de l'univers - comprendront ceux qui ont lu ce roman) que j’ai tenu à le savourer le plus longtemps possible. Il est vrai cependant que certains passages m’ont paru assez long, et cela a peut-être un peu freiné ma lecture aussi, mais de façon plus modérée.

Tout d’abord, l’intrigue n’est pas très claire. On suit les deux personnages principaux à deux moments de leur vie (ils ont le même âge puisqu’ils sont jumeaux), selon le point de vue de Noah alors qu’ils ont 13 ans et selon celui de Jude lorsqu’ils ont 16 ans. Ainsi, deux intrigues parallèles se développent grâce à l’alternance de chapitres... et c’est là que l’on se rend compte du choix judicieux fait par l’auteur de ces périodes de leur vie. En effet, quand ils ont tous deux 13 ans, puis quand ils ont tous deux 16 ans, Jude et Noah sont complètement différents ; mais, quand Noah a 13 ans (chapitres de son point de vue à lui) et Jude 16 ans (chapitres de son point de vue à elle), ils traversent la même période difficile de leur vie, et, à ces moments-là, ils sont semblables et aussi particuliers l’un que l’autre. Néanmoins, j’ai beaucoup aimé le fait que Jandy Nelson parvienne à maintenir des caractéristiques uniques dans chaque partie, aussi bien à propos de leurs personnalités respectives qu’à propos de la façon de narrer leurs parts du roman.

L’intrigue n’est toujours pas claire, mais c’est parce qu’il y a surtout deux intrigues parallèles basées sur leur développement personnel à ces moments douloureux de leur vie, qui mène toutes deux à la découverte d’une intrigue principale qui a toujours été sous-entendue mais jamais exprimée ; voilà encore une preuve de l’ingéniosité de l’auteur... Cependant (parce qu’il y a un mais), certaines parties de chaque intrigue m’ont plus intriguée que d’autre, et l’alternance des chapitres dans ce livre peut vite devenir frustrante ; non pas que les changements de narrateur se font à des pics de suspense, mais chaque chapitre est très long (au minimum une quarantaine de pages) : d’abord, cela n’est pas pratique pour arrêter sa lecture (une des raisons pour lesquelles j’ai mis du temps à lire ce roman), puis on a tendance à perdre en engouement pour la suite de l’intrigue...

Ceci étant dit, les personnages sont attachants, surtout les deux narrateurs-personnages. J’ai beaucoup aimé assister aux nuances de la relation frère-sœur qu’ils entretiennent, parce qu’ils passent aussi bien par des moments de fusion que des moments de concurrence, et les deux équilibrés sont touchants. Je dois avouer que je me suis davantage attachée à Jude, même si Noah m’a surprise sur la fin ; mais voilà, ce sont les chapitres de Jude qui m’ont fait passer par les émotions les plus variées et les plus intenses... La fin est très belle, et parfaite pour l’histoire, car elle reste centrée sur Noah et Jude.

C’est donc une lecture que j’ai beaucoup aimée, adorée même, et dont je retiendrai l’histoire émouvante de frère et sœur perdus et retrouvés, malgré quelques temps longs, ainsi que quelques-unes de ces petites phrases magiques (dont un titre parfait) qui vous emportent au bord des larmes.

jeudi 24 août 2017

[L'étagère à mystères] Bleu blanc sang t1 - Bertrand Puard

297 pages (Editions Hachette) - 4.5/5




5 juin 2018. Tandis que l’on célèbre à Notre-Dame l’enterrement du Président de la République mort tragiquement quelques jours auparavant, un convoi transportant une toile d’une artiste du XVIIIème siècle inconnue, Justine Latour-Maupaz, est pulvérisé au lance-roquette sur une autoroute du centre de la France. Au même instant, à New York, une œuvre de la même artiste est adjugée pour la somme inouïe de 53 millions de dollars. Pour quelles raisons des forces obscures cherchent-elles à détruire précipitamment, ou à s’approprier soudainement, les travaux de cette peintre ignorée ? À qui profite ce regain d’intérêt ? Eva Brunante, dont le père, seul exégète de la peintre, a disparu, va se lancer dans une enquête aux ramifications politico-financières vertigineuses. Bienvenue dans la république Bleu Blanc Sang !



« Un artiste ne cherche pas la vérité, mais sa vérité. »


En bref... j'ai adoré cette lecture qui m'a emportée à la recherche de tableaux originaux (et malheureusement imaginaires seulement), en compagnie de personnages attachants.


Livre emprunté à la bibliothèque car la quatrième de couverture m'attirait, j'ai eu un peu peur de retomber dans la même déception qu'a été ma lecture de Réseau(x) de Vincent Villeminot - points communs : des auteurs français, des éléments de SF par le fait que les histoires se déroulent dans le futur, mais pas de réel élément futuriste… Pourtant, j'ai eu une bonne surprise dès le début de ma lecture : le rythme est rapide, à travers l'alternance de trois points de vue. Certes, le lien entre les trois scènes ne se fait pas immédiatement, mais cela ne tarde pas pour autant… Cette alternance caractéristique du rythme de ce thriller perdure une fois le nœud de l'intrigue posé, entretenant ce faisant le suspense, au moins au début. J'ai beaucoup aimé la structure de l'intrigue, qui évolue progressivement en laissant place à des révélations au fur et à mesure.

Une grande originalité est apportée dans ce livre par l'invention d'un univers complet autour de la peintre Justine Latour-Maupaz. A première vue inconnue, il s'est révélée après recherche qu'il s'agissait entièrement d'un personnage fictif. Pourtant, la description de ses tableaux est incroyablement précise, et j'aurais adoré avoir des représentations visuelles, en annexe par exemple. En tout cas, je ne sais pas si l'auteur s'est inspiré d'artistes réels et de leurs toiles pour imaginer le concept de l'œuvre des Douze travaux d'Hercule croisés à des scènes marquantes de la Révolution française, mais cela est vraiment original, bien pensé, bien développé et bien utilisé.

Un autre élément que j'ai beaucoup aimé est le parallèle fait entre la Révolution française présentée à travers les tableaux de la peintre fictive -qui, comme tout le monde le sait, avait pour but de mettre fin à l'Ancien Régime et à la hiérarchie sociale qui existait alors- et la volonté du mouvement politique, là encore imaginaire, mis en scène dans le roman. Ce dernier a d'ailleurs contribué à la dynamique de l'intrigue, en installant un point de vue supplémentaire et en lui permettant d'avancer.

Une intrigue originale, dynamique, vraiment addictive… tout cela donne vraiment de quoi faire un bon thriller ; qu'en est-il du suspense, élément fondamental ? Là, mon avis est plutôt mitigé… Au début, alors que les différents éléments ne font que se superposer individuellement, le suspense est à son comble. Puis, quand l'on commence à faire des liens entre eux, l'issue peut être aisément devinée, à la fois l'identité des parties et leurs motivations. Donc le suspense n'est pas vraiment au rendez-vous. De la même façon, la fin laisse plutôt sur un cliffhanger. Néanmoins, la suite me paraît plutôt sans surprise, ce qui est confirmé par l'extrait du tome 2 (les deux premiers chapitres) reproduit à la suite du tome 1… l'éditeur aurait dû s'en abstenir pour entretenir le suspense qui a tant manqué à la seconde moitié de ce tome ! La seule touche de mystère réside encore, à mon avis, en un point de vue tierce (celui de Lucas) qui garde encore des secrets à livrer.

L'intrigue est portée par un duo fort : Eva et Hugo. Malgré le point de vue à la troisième personne dont je ne raffole pas, je me suis beaucoup et rapidement attachée à eux. J'ai beaucoup aimé Eva, qui est une jeune femme forte et déterminée ; Hugo a quant à lui une grande fougue et une motivation à faire tomber les puissants qui est d'abord un peu effrayante, avant de se transformer au contact d'Eva. A côté d'eux, le personnage de Tiphaine est beaucoup plus fade et, pour moi, il s'agit plus d'un duo que d'un réel trio ; j'ai conscience que cela peut être intentionnel, mais il faudrait à l'avenir que la jeune fille ait un rôle plus important… Les autres personnages sont également assez transparents, en tout cas peu marquants.

Malgré ces deux personnages et la relation naissante entre eux, il m'a manqué un élément essentiel à mes yeux : des émotions. Certes, il s'agit d'un thriller jeunesse ; il aurait acquis une profondeur plus importante si des émotions avaient été incluses. Il y a bien quelques moments, quand Eva pense à sa relation chaotique avec son père, quand les personnages s'inquiètent les uns pour les autres, mais cela se communique difficilement aux lecteurs. L'autre élément qui aurait donné de la hauteur à ce roman est le style d'écriture. Il est très marqué jeunesse, fluide mais simple, ce qui ne colle pas forcément avec l'âge des personnages.

Il n'en reste pas moins que j'ai passé un excellent moment dans ce thriller jeunesse haletant. J'ai hâte de pouvoir me procurer la suite, en espérant davantage de suspense.