jeudi 1 juin 2017

[L'étagère historique] La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier

249 pages (Editions HarperCollins) - 4/5




La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Elle s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille attirent l’attention du maître qui l'introduit dans son univers, mais également d’autres hommes.




« Les femmes qu’il peint, deviennent prisonnières de ce monde. Vous pourriez vous y perdre. »

En bref... cette lecture très rafraîchissante m’a réellement embarquée dans l’univers intimiste d’une famille hollandaise du XVIIème siècle – ce qui est le but d’un tel livre. La plume de Tracy Chevalier aide à cela et donne envie de lire d’autres de ses ouvrages.


Ce livre m’a attirée dès que je l’ai vu en raison de son sujet : un roman historique, genre que j’affectionne particulièrement, ayant pour titre un célèbre tableau. J’ai donc été intriguée par la mise en contexte que l’auteur pouvait décrire autour de l’œuvre d’art. Je n’ai en aucun cas été déçue !

Le contexte est rapidement posé. Pas le temps d’attendre, pas besoin non plus, car on comprend que la vie de Griet est assez monotone et réglée. Comme il s’agit d’un roman historique, il y a des descriptions, très bien écrites. Cependant, on s’aperçoit rapidement que le roman a été écrit récemment : si vous n’êtes pas adepte des descriptions longues, ce livre n’en a pas. Les descriptions sont minimales, mais suffisantes. L’écriture se concentre davantage sur les pensées du personnage principal, Griet, dont on suit le point de vue. Cela fait de La jeune fille à la perle un roman d’apprentissage, dont on suit toutes les étapes classiques. Rien de mauvais ici, ni d’extraordinaire à vrai dire.

La vie domestique est largement, peut-être un peu trop longuement au début, évoquée. Un événement qui prendra de l’importance par la suite en tant que référence (la fille à la robe rouge) n’est que furtivement abordé. Il y a là des déséquilibres que l’on peut reprocher à l’auteur au début. Puis, quand arrive (enfin) l’intrigue annoncée par le résumé, impossible de poser le livre ! L’histoire se développe peu à peu ; s’il n’y a rien d’haletant (à cause du genre), la fin n’en reste pas moins une surprise.

Ce qui est le plus intéressant est la puissance du contraste dans le roman. En effet, on est confronté à une profusion de sentiments et de pensées : ceux de Griet évidemment, dont j’ai déjà parlés, mais aussi de la femme du peintre, Catharina, et de l’autre servante, Tanneke ; toutes deux expriment des émotions négatives, comme la jalousie, alors que Griet respire l’innocence et la pureté. Les autres personnages (Pieter, Van Ruijven) ont des objectifs explicites, du moins pour la plupart d’entre eux. Ainsi, ce n’est pas le cas de trois personnages qui apparaissent beaucoup plus mystérieux en raison, comme vous l’aurez compris, de l’opposition entre surcharge et dénuement émotionnels. Ces personnages sont le peintre Vermeer, sa belle-mère Maria Thins et l’une de ses filles, Cornelia. En ce qui concerne cette dernière, sa curiosité et son attitude hostile à Griet font d’elle un personnage dangereux mais intrigant, comme si le lecteur attendait –et redoutait !– chacune de ses apparitions. On retrouve cela chez sa grand-mère Maria Thins qui montre, quant à elle, une évolution au fil des pages. Néanmoins, dans une vision assez manichéenne, il reste difficile de savoir si elle est prête à aider Griet ou non – Griet paraît tellement pure et innocente qu’on la prend nécessairement en pitié... Cependant, dans ce livre, le personnage qui m’a le plus intriguée est le peintre Vermeer, et ce sûrement à dessein. Tout d’abord, il s’agit du personnage le plus mystérieux, et pourtant le plus complexe et le plus élaboré ! Il faut noter que, à aucun moment, l’identité de Vermeer n’est révélée par Griet ; ce sont uniquement d’autres personnages qui le mentionnent. Ainsi, la vision que l’on a du personnage nous est largement suggérée par Griet et son admiration pour lui. C’est alors à ce moment qu’est introduite une réflexion intéressante sur l’art : est-ce l’homme ou le peintre qui attire Griet ? En retour, Vermeer est-il intrigué par la jeune fille parce qu’il s’intéresse réellement à elle ou pour ce qu’elle lui inspire ? Si cette dernière question fait explicitement partie des interrogations de Griet, la réponse n’est pas claire, à peine suggérée. D’ailleurs, la fin du roman renforce ce sentiment de doute, la dernière action du peintre pouvant être interprétée de différentes façons selon la réponse que l’on donne à la question...

Le livre est fractionné selon les années de l’intrigue, et non en chapitres. Seuls des espacements séparent différentes parties, ce qui est parfois un peu gênant pour la lecture, et surtout pour arrêter sa lecture. Bien que j’aie lu ce livre en version originale (et donc en anglais), la lecture a été fluide ; le style de l’auteur est assez épuré. J’ai beaucoup apprécié les références faites par l’auteur à d’autres tableaux du peintre et leur utilisation de cette manière montre une véritable étude des peintures de la part de Tracy Chevalier... Cette recherche donne envie de lire d’autres de ses livres, sur d’autres sujets !

4 commentaires:

  1. Je l'ai acheté récemment :) j'espère qu'il me plaira autant qu'à toi !
    [Priscila]

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    1. Si tu aimes les livres historiques, la touche de modernité apportée par le style est vraiment sympa, et ne pourra que te plaire !

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  2. J'adore les romans historiques ! Je suis vraiment contente d'avoir lu ta critique parce que ce livre me fait maintenant très envie.

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    1. J'ai adoré la touche contemporaine que l'auteur a ajoutée dans la narration de ce roman historique. Le contraste le rend intemporel et d'autant plus appréciable !

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